Révision du PLU à Chennevières-sur-Marne : de quoi s’agit-il ?
- Laurence GRANDJEAN
- 23 juin
- 4 min de lecture

Révision du PLU à Chennevières-sur-Marne : une occasion manquée ?
La révision du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) est un moment déterminant pour l’avenir de notre commune. Élaboré à l’échelle du territoire Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA), ce document stratégique remplace les anciens PLU communaux et définit, pour les 10 à 15 prochaines années, les orientations en matière de logement, de mobilités, de développement économique, d’environnement et de cadre de vie. Pourtant, à Chennevières-sur-Marne, ce processus fondamental se déroule dans des conditions particulièrement préoccupantes.
Une démarche opaque et inaccessible pour les citoyens
Alors que le PLUi devrait être un outil partagé et compréhensible, la concertation est largement insuffisante. Plus de 1 200 pages de documents techniques ont été publiées, sans effort de vulgarisation, et sans réelle pédagogie. Aucune réunion publique d’ampleur n’a permis aux habitants de comprendre les enjeux ni de participer activement à la définition du territoire de demain.
Ce manque de transparence, combiné à l’absence de dialogue, renforce la méfiance des Canavérois envers des décisions lourdes de conséquences, prises sans concertation réelle. Pire encore : les avis rendus par les autorités environnementales (DDT, MRAe, etc.) sont majoritairement négatifs, pointant de graves lacunes écologiques dans le projet.
Des choix contestables sur les espaces verts et agricoles
Le PLUi identifie certaines terres agricoles, pauvres en biodiversité et anciennement cultivées de manière intensive, pour y aménager des parcs urbains. Si l’intention peut sembler louable, elle est écologiquement peu pertinente. Ces terrains, souvent sans couverture arborée ni vie écologique significative, sont considérés comme des espaces à « renaturer », pendant que, paradoxalement, la municipalité vend ou urbanise des parcelles déjà boisées et riches en biodiversité.
C’est le cas par exemple de la rue Jean Moulin ou du secteur Corot, où des espaces verts matures sont menacés. Deux projets de cession de terrains municipaux concernent des parcelles comportant des arbres adultes, des haies anciennes et une faune ordinaire remarquable (hérissons, oiseaux, pollinisateurs). Ces zones jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat local, la filtration de l’air et la gestion des eaux pluviales.
Sacrifier ces « poches de biodiversité » pour créer des espaces verts artificiels sur des sols stériles revient à nier la valeur des milieux existants. Cette logique d’équilibrage comptable méprise la qualité écologique réelle des sites, au détriment de la résilience de notre territoire face au changement climatique.
Une vision urbaine incohérente et lacunaire
Plusieurs zones stratégiques sont tenues à l’écart des orientations d’aménagement (OAP), comme l’espace entre la rue de Coeuilly et la rue des Fusillés, pourtant inclus dans le périmètre d’ÉpaMarne. L’entrée de ville Nord où 1 300 logements sont prévus, n’a fait l’objet d’aucune étude sérieuse en matière de transports, de circulation, ou de renaturation.
Quant à la densification autour de la rue Jean Moulin, elle est conduite sans schéma directeur global, sans réflexion sur les mobilités, les services publics, ni les équipements collectifs indispensables.
Une densification précipitée et mal calibrée
De nombreux projets récents peinent à trouver preneurs et finissent vendus en bloc à des bailleurs sociaux à l'image du projet immobilier au carrefour Saint Siméon. Cette politique du « tout construire », sans diagnostic approfondi sur la demande réelle ou la mixité sociale, génère des quartiers déséquilibrés, déconnectés des besoins de la population. Ce n’est pas ainsi qu’on construit une ville durable, harmonieuse et attractive.
Une commune qui ne se prépare pas à accueillir de nouveaux habitants
La volonté de densifier ne s’accompagne d’aucune anticipation sérieuse. Les écoles sont déjà surchargées — la dernière construite est sous-dimensionnée. Les équipements sportifs et culturels manquent. Les voiries ne sont pas adaptées aux flux automobiles croissants. Et les services sociaux sont sous pression. Cette absence d’investissement dans les infrastructures compromet l’équilibre de la ville.
Ce que nous voulons pour Chennevières
Nous demandons l’arrêt immédiat de tout nouveau projet d’urbanisation tant que le programme de l’entrée nord de la ville, avec ses 1 300 logements, n’a pas été finalisé et intégré dans une stratégie globale, cohérente et concertée.
Nous appelons également à un changement profond de logique dans la gestion de la ville :
Que les priorités soient données aux projets utiles aux Canavérois, la création d'un maison de l'animal à 5,2M €, le financement d'un musée de la guerre de 1870 au fort, la construction d'une nouvelle mairie n'apportera rien aux Canavérois. Nous avons besoin d'écoles, d'équipements sportifs et de loisirs, pas d'une nouvelle mairie.
Qu’une évaluation environnementale sérieuse soit menée avant toute cession ou modification de destination de parcelles arborées existantes.
Que les zones ouvertes à densification soient reduites et que les règles du PLU respectent l'identité de notre ville.
Pour une ville durable, vivable, et résiliente
La révision du PLUi devrait être l’occasion de dessiner un avenir respectueux des équilibres écologiques, à l’écoute des habitants, et soucieux du bien-être des générations futures. La ville de Chennevières a l’opportunité de conjuguer aménagement urbain et préservation du vivant. Encore faut-il qu’elle en fasse une priorité. Nous appelons à une vraie transition vers un urbanisme maitrisé, durable, concerté, et éclairé.
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