La dilapidation du patrimoine de la ville

Le maire Jean-Pierre Barnaud a décidé de se séparer d'une partie du patrimoine de la ville. 

L’école du bois

Tout d’abord l’école du Bois, avenue du bois dans le quartier Paris-Chennevières. Cette école a été fermée en 2016 parce que, nous avait-t-on dit, il n’y avait plus assez d’enfants. Évidemment qu’il n’y avait plus assez d’enfants, les enfants du secteur avaient été réorientés par la mairie vers l’école Rousseau quelques mois auparavant. Les riverains furent bien mécontents de la disparition de leur petite école de quartier mais le temps a depuis fait son œuvre et la réfection de l’ensemble des trottoirs et chaussées du quartier à la veille des élections leur ont fait oublier qu’à une époque ils pouvaient accompagner leurs enfants à l’école à pied. Cette histoire n'est d'ailleurs pas sans nous rappeler ce qui se passe à l’école Jacques Doré en ce moment, les enfants sectorisés sur Doré se retrouvant sans explication convaincante orientés vers les écoles Tillion et Moulin à vent. L’avenir de cette école va donc probablement bientôt aussi se poser.

L’ancien centre Jean Moulin

Lors du dernier conseil, ce terrain de 36 000 m2 a été déclassé du domaine public par le maire Jean-Pierre Barnaud. Situé au bout de la rue du moulin en impasse, entre la plaine des Bordes et le quartier du Bois l’abbé, on y trouvait l’espace Jean Moulin, cette grande salle qui accueillait les quelques événements et manifestations de la ville, ainsi que la maison des familles, une salle plus modeste que les familles, associations et particuliers pouvaient louer pour des rassemblements privés. L’immense terrain paysagé quant à lui permettaient de belles manifestations en extérieur et accueillait également les enfants du centre de loisirs. Bien entendu les bâtiments étaient vétustes et il est évident qu’ils ne pouvaient rester en l’état mais nous pensons qu’une reconstruction réfléchie aurait permis de préserver ce bel espace du patrimoine de la ville. Mais voilà, le projet de l’ANRU soutenu par le maire prévoit le passage d’un nouvel axe de circulation reliant le quartier du Bois l’abbé à la plaine des Bordes passant justement sur ce terrain, son sort semble donc définitivement scellé. Le reste du terrain disponible sera quant à lui probablement cédé à un bailleur social ou à un promoteur. Son déclassement ce 10 février 2022 ne laisse malheureusement que peu de doute. 

L’école Corot

En 2020, nous proposions d’utiliser le terrain de l’école Corot pour doubler la superficie du parc Corot adjacent et ainsi pouvoir y créer parcours de santé, équipements pour les jeunes et ados et également y installer une crèche ainsi qu’une salle utilisable à la fois pour l’accueil des nounous et louable par les canavérois à l’instar de la maison des familles à l’autre bout de la ville. Face à ces propositions, le maire s’était alors senti obligé de rassurer ses électeurs en promettant sans plus de précision de “rendre cet espace attractif, d’installer de nouveaux équipements et d’agrandir le parc” lui aussi. Il annonça même, rappelez-vous, vouloir y installer une maison de l’animal. Projet qui depuis se serait déplacé ailleurs sur la ville... Bref, aujourd’hui le terrain de l’ancienne école Corot est lui aussi désaffecté et déclassé par le maire.

Le déclassement du domaine public, qu’est ce que c’est ?

Il faut bien comprendre que déclasser un terrain public n'est pas qu'un simple acte administratif sans conséquence comme le maire aimerait le faire croire, il s'agit en général de la phase préliminaire et indispensable quand une ville souhaite se séparer d'un terrain ou un équipement pour le céder à un bailleur ou à un promoteur par exemple. D’après le Code général de la propriété des personnes publiques, font partie du domaine public les biens appartenant à une personne publique (ici la mairie) et qui sont soit affectés à l’usage direct du public ; soit affectés à un service public pourvu qu’en ce cas ils fassent l’objet d’un aménagement indispensable à l’exécution des missions de ce service public. Les écoles, salles et parcs de la ville entrent donc directement dans ce cadre. Le déclassement est en général accompagné d’une désaffectation, c'est-à-dire que le lieu ne peut plus accueillir de public. C’est ce qui a été fait ce 10 février pour l’espace Jean Moulin, le terrain de l’école Corot et le foyer de l’âge d’or.

Le parc Corot et le Foyer de l’âge d’or

Le foyer de l’âge d’or derrière la Résidence autonomie Robert Landry est le bâtiment qui se trouve rue Colombert, mitoyen du parc Corot et de l’école Corot. Y étaient accueillis des canavérois du 3e et 4e âges pour leurs activités de loisirs entre autres. Cet équipement a 2 particularités notables, il partage son système de chauffage avec l’école Corot aujourd’hui fermée et il se trouve sur la même parcelle cadastrale que le parc Corot (AI318). Sous prétexte donc de vouloir se séparer de ce foyer, probablement pour le vendre groupé avec le terrain de l’école Corot, le maire a tout simplement déclassé toute la parcelle, parc compris. Aujourd’hui donc, le maire peut entamer des négociations pour sa vente s’il le souhaite. Nous aurions trouvé plus clair et plus simple de séparer la parcelle en deux comme de nombreux propriétaires le font régulièrement quand ils veulent vendre une partie de leur terrain. Nous l’avons d’ailleurs interrogé sur le sujet lors du conseil municipal du 10 février 2022. Ça n'a pas d'importance nous a-t-il répondu, c'est juste un acte administratif, nous chercherions juste la petite bête pour effrayer la population, conclue-t-il.

Le foyer de l'âge d'or, encore un service de plus qui disparaît pour les anciens. Avant les élections les personnes plus âgées de la ville avaient toute l’attention du Maire : Garden Party sur feu le terrain Jean Moulin, remise en état du boulodrome de la colline au bois l’abbé... Aujourd'hui, après avoir fermé la salle au bois l'abbé où se retrouvaient les anciens pour jouer à la belote ou aux dominos, c'est au tour du foyer de l'âge d'or de disparaître. Où les seniors peuvent-ils se retrouver sur la ville aujourd’hui ? Bien malin celui qui pourra nous le dire.

Toutes ses ventes pour quoi faire ?

Le maire semble avoir besoin d’argent, la vente de ce patrimoine de la ville va certainement rapporter quelques centaines de milliers d’euros, mais pour quoi faire ? A force de vendre tous les espaces de la ville pour créer du logement, le manque d’équipements publics, déjà flagrant sur la ville, va s'accroître. Écoles, gymnases et stades disparaissent petit à petit. L’école du Bois, fermée, L’école Corot fermée, l’école Jacques Doré a l’air de prendre le même chemin. Et le stade Armand Fey au bois l’abbé, remplacé par 5 immeubles d’habitation dans le cadre de l’ANRU soutenu par le maire, le stade Aristide Briand dans le centre ville, prévu à une disparition certaine lorsque les projets rue Aristide Briand sortiront de terre. Alors le maire nous oppose de nouveaux et très hypothétiques équipements en périphérie de la ville : à côté de la piscine des Bordes ou derrière le Fort. Mais hormis quelques croquis qui laissent déjà comprendre que “ca ne rentrera pas“, rien de concret, que de la poudre aux yeux.

L’emprunt de 25M d’euros qu’il a souscrit dès sa réélection, sans en expliquer l’utilisation qu’il souhaite en faire, ne suffisent donc pas pour réaliser ses projets, inavouables semblerait-il. Des projets, il doit y en avoir, le nombre d'études astronomiques commandées à grands frais par le maire en attestent.

Peut-être que ce besoin d’argent est pour réagencer l’école Germaine Tillion qui a pourtant déjà coûté très chère (+19M€). Déjà trop petite, il n'aura fallu qu'un an pour commencer à s'en rendre compte. Jean-Pierre Barnaud dit que c'est faux, que nous voulons faire peur. Nous l’invitons juste à demander aux parents, aux enseignants et même à ses propres équipes d’animation leur avis sur la taille du réfectoire où 3 services en moins de 2 heures doivent être organisés le midi, où les récréations doivent être organisées en décalé, la cour étant bien trop petite. Preuve en est la demande de supprimer les cages de foot par manque de place pour que tous les enfants puissent évoluer en sécurité.